SOULTZ – Eglise Saint-Maurice

photo : J.Ph Grille

Jean-André Silbermann

1750

Classé au titre des Monuments historiques en 1991

L’orgue de Soultz fut commandé à Jean-André Silbermann en 1747 et livré en 1750. Amené par bateau jusqu’à Colmar, il fut mis en place par le frère du constructeur, Jean-Daniel, jusqu’à ce que la mort de l’épouse de ce dernier survenue à Soultz le 13 septembre 1750, n’impose à Jean-André de venir terminer le travail. Le buffet restait fidèle à la tradition paternelle, avec cependant les tourelles centrales du positif et du grand-orgue, trilobées, caractéristiques de Jean-André. Sa particularité en est l’étendue du clavier d’écho, sur vingt-huit notes, et le jeu de carillon du positif. Par la suite, Joseph Callinet fit plusieurs travaux, par étapes. Il ajouta un quatrième clavier de récit, et porta l’étendue des claviers à cinquante et une notes. Puis en 1829, et 1852, il rajouta à chaque fois deux jeux. Mais l’essentiel de Silbermann était préservé. En 1925 par contre fut perpétrée une désastreuse « restauration ». Cédant aux goûts de l’époque on commanda à un facteur de Caen, Paul-Marie Koenig, une traction pneumatique, la combinaison des deux demi-claviers de récit et d’écho en un seul « récit-écho » expressif, la transformation des sommiers de Silbermann, et le remplacement des mutations par des jeux gambés.

Mais en 1959, il fut décidé sous l’impulsion d’un comité d’experts, de confier à Curt Schwenkedel une véritable reconstitution susceptible de rendre à l’instrument son état d’origine, en respectant l’esthétique de Jean-André. Les travaux durèrent dix ans, de 1960 à 1970. Le tempérament inégal a été pour la première fois adopté pour la restauration d’un orgue historique. L’harmonisation a été réalisée par Philippe Hartmann (cf. l’article d’A.Raber dans la rubrique « Aller plus loin »). Les sommiers sont de Silbermann, sauf celui de l’écho ; les claviers sont de Callinet.

De 2009 à 2011, une importante opération de relevage a été menée par Richard Dott, visant essentiellement à rétablir l’équilibre statique du buffet, à reconstruire la mécanique, et à supprimer le quatrième clavier qui était désormais muet. Le buffet ainsi que le garde-corps de la tribune ont été décapés, de manière à restituer la couleur originelle de la boiserie. A l’occasion de ces travaux un tuyau de la pédale qui manquait depuis la dernière restauration a été retrouvé (il s’agissait du Ré# 2  tandis que le Do# 1 était muet). L’explication était simple : le tuyau était muet parce que le tuyau manquant était à l’intérieur ! Une manipulation destinée à gagner de la place au démontage en 1960 mais que le responsable a ensuite totalement oubliée. L’un a retrouvé sa place et l’autre la parole…   (cf. ci-dessous l’article paru dans « L’Alsace »)

 

Détail du buffet de grand-orgue : les armoiries de la ville de Soultz

photo : J.M.Schreiber

Dessin de Jean-André Silbermann datant de 1733,  joint le 23 octobre 1747 au marché signé pour l’orgue de Soultz

(Musée des Arts décoratifs de Strasbourg)

L’orgue de Soultz est un des rares instruments de Silbermann qui a conservé son cromorne

Photo : J.Ph. Grille

C’est également le cas de la Voix humaine.

Photo : J.Ph. Grille

Coulisses d’une restauration