D-MEISSENHEIM – Sankt Laurentius

Photo : J.Ph.Grille

Jean-André Silbermann

1776

L’édifice a été achevé en 1766, et c’est en 1776 que Jean-André Silbermann y plaça un orgue de 13 jeux sur 1 manuel et pédale. Il avait envoyé son projet dès le 27 février 1772. Des contacts furent repris lors de son voyage à Sankt-Blasien en juillet 1774 et l’affaire fut conclue. Les éléments de l’orgue  furent placés dans deux bateaux au début de mai 1776. Le 5 mai, Silbermann se rendit sur place avec Christian, Conrad Sauer, ainsi que deux compagnons. Son épouse fut aussi du voyage, et elle revint le chercher le 21 mai. L’harmonisation et l’accord avaient duré 6 jours.

Le buffet est du même type que celui dessiné pour Walbach (1761). La pédale, de 3 jeux, ne comportait pas de Trompette, mais un 4′ (en plus des habituelles Soubasse 16′ et Flûte 8′). Il était question d’une pédale à l’étendue restreinte à une octave, mais Silbermann ne put se résoudre à livrer un orgue ainsi limité : l’instrument fut dès l’origine pourvu d’une « vraie » pédale de deux octaves. L’orgue était accordé au « Kammerton ».

D’après les comptes, il avait été payé le 21 mars1776.

En 1787, Conrad Sauer, « successeur naturel » des Silbermann de Strasbourg, (qui avait participé au montage) remplaça le Prestant de pédale par une Trompette (25 notes). Sauer revint entretenir l’orgue en 1790 et 1801. Il y eut des travaux de Blaise Chaxel en 1818. De 1826 à 1847, Joseph Chaxel fut chargé de l’entretien annuel.

En 1894, Auguste Merklin transforma la transmission. Il construisit un second clavier (un récit) et posa une console indépendante. Au cours de l’expertise (1881) qui avait causé l’intervention, les jeux de Fourniture, Tierce et Cymbale du manuel, ainsi que la Trompette de pédale avait été déclarés inutilisables (!) La Trompette de pédale fut remplacée par un Violoncelle. Les 3 jeux manuels décrits précédemment furent combinés à la Doublette (et complétés) pour réaliser une Mixture de 4 rangs plus en accord avec l’esthétique musicale de la fin du 19ème. Sur les chapes libérées, Auguste Merklin posa une Flûte 8′, une Gambe et un Gemshorn. Le récit fut construit sur un sommier à cônes (« Kegellade »), placé en arrière du manuel, et au même niveau.

Malheureusement, la qualité de la réalisation ne fut probablement pas à la hauteur, car l’instrument se dégrada rapidement : une visite en 1906 l’évalua bien bas ; en 1912, il y avait de nouvelles plaintes concernant les jeux du récit.

En 1906 furent vraisemblablement effectués des travaux de soufflerie. On sait que l’orgue reçut la visite d’Albert Schweitzer.

Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en 1917.

Auguste Merklin revint faire une réparation en 1922.

C’est en 1926 que la façade a été remplacée, par la maison Voit, qui électrifia aussi la soufflerie. Peut-être que des changements de jeux ont eu lieu à cette occasion. Il fut (évidemment) question d’une reconstruction de la transmission en pneumatique. Théodore Barner officia comme expert.

En 1961, le département des Monuments historiques de Freiburg (im Brisgau) reconnut la grande authenticité de l’instrument. En 1963, la maison Muhleisen procéda à la restauration du grand-orgue dans son état de 1776, la pédale dans l’état laissé par Conrad Sauer, et reconstruisit le second manuel (qui n’existait pas à l’origine) pour en faire un écho/positif intérieur dans le style Silbermann. Ce fut probablement fait en s’inspirant de l’orgue d’Ettenheimmunster (1769, qui a pratiquement le même buffet et était muni d’un écho dès l’origine.) Une Trompette manuelle (logique et pratiquement indispensable avec un second manuel) fut ajoutée au grand-orgue. L’orgue était alors doté de 21 registres, sur deux manuels et pédale. Ernest Muhleisen dut reconstruire une console en fenêtre et l’essentiel de la mécanique. Pour la soufflerie, un réservoir à plis parallèle fut jugé préférable à des cunéiformes.

L’orgue a été relevé en 2003 par la maison Peter et Martin Vier, de Friesenheim (D)

Sources :

  • http://www.orgelbau-vier.com/ : Le site de la maison Vier, à Friesenheim (D).
  • Frank Spengler, organiste à Meissenheim
  • Gérard Menet
  • Roland Lopes
  • Marc Schaefer : « Das Silbermann Archiv », éditions Winterthur, 1994, p. 506
  • Bernd Sulzmann : « Historische Orgeln in Baden », éditions Schnell und Steiner, München – Zürich, 1980, p. 76-7
  • Erich Hermann : « Heimat im Ried – Meissenheim – liebenswertes Dorf », éditions Erich Zürcher, p. 216-7   Incluant une image du manuscrit autographe de Silbermann, mémoire de 1776, conservé aux archives municipales de Meissenheim. Article de Bernd Sulzmann.
  • Friedrich Schwärzel, Albert Köbele : « Heimatbuch des Rieddorfes Meissenheim », éditions Gemeinde Meisenheim, 1969, p. 156-
  • Albert Hohn : « Die Orgeln Johann Andreas Silbermanns », in « Acta Organologica », vol 4., éditions Verlag Merseburger Berlin, 1970, p. 15
  • Maison Muhleisen : Document « LISTE RESTAURATIONS  RELEVAGES 1941 2002 compofr_rea73.pdf »