LE BEC HELLOUIN – Monastère Sainte-Françoise-Romaine

Photo : Paulette Ollivier

Jean-André Silbermann

1754

Le Bec Hellouin, en Basse-Normandie, entre Rouen et Lisieux, est un des plus beaux villages de France. Son origine remonte au début du onzième siècle, avec la fondation d’une abbaye de moines bénédictins par le bienheureux Herluin qui a donné son nom au village. Le monastère connut un grand rayonnement intellectuel au 11ème siècle, comptant notamment parmi ses abbés saint Anselme de Cantorbéry, l’auteur de la preuve ontologique de l’existence de Dieu. Des bâtiments reconstruits après le pillage de 1418 par les Anglais, durant la guerre de Cent ans, il reste la tour Saint-Nicolas, un puissant clocher anglo-normand érigé durant la seconde moitié du 15ème siècle. Le cloître a été reconstruit au cours du 17ème siècle et les autres bâtiments monastiques datent du milieu du 18ème siècle. L’église abbatiale a disparu après la Révolution, vendue comme carrière de pierres. Interrompue en 1792, la vie monastique ne fut restaurée qu’en 1948. Dès l’année suivante, un monastère de sœurs oblates fut ajouté deux kilomètres plus loin. Placée dans l’ancien réfectoire du 18ème siècle, la nouvelle église abbatiale fut dédicacée en 1969.

Installé dans le fond du chœur en 1994, l’orgue a été légué par Norbert Dufourq, musicologue parisien, dont la fille Françoise est moniale à l’abbaye du Bec. Il avait été construit pour lui par la maison Gonzalès et avait été successivement placé dans son appartement parisien puis dans la chapelle de son manoir angevin de Venevelles. Comptant 25 jeux dont 20 réels, l’instrument est placé dans un buffet plus ancien que l’on peut indubitablement attribuer à Jean-André Silbermann. Même s’il manque les claires-voies des plates-faces, il est très proche des boiseries de Blodelsheim et de Gries.

Ainsi que l’a fait remarquer Marc Schæfer, ce buffet provient très vraisemblablement de l’orgue posé en 1754 par Jean-André Silbermann pour l’église mixte de Wœrth. Nettoyé et accordé en 1762 et 1776 par son auteur, l’instrument comptait un clavier unique de neuf jeux (Bourdon 8, Prestant, Flutte 4, Nazard, Doublette, Tierce, Cornet 5 rgs, Fourniture 3 rgs et Cymbale 3 rgs) et une pédale indépendante de trois jeux (Soubasse 16, Octavbasse 8 et Trompette 8). Il fut démonté en 1899 lors de l’installation d’un nouvel orgue par la maison Walcker.