EBERSMUNSTER – Abbatiale Saint-Maurice

Photo : Roland Lopes

André Silbermann

1731

Classé au titre des Monuments historiques en 1971 (partie instrumentale) et 1972 (buffet)

Avec Marmoutier, Ebersmunster est le seul orgue Silbermann d’Alsace à être resté quasiment intact, le village étant trop pauvre pour « moderniser » l’orgue hérité des Bénédictins.

Construit du 21 août 1730 au 16 juillet 1731, l’orgue d’Ebersmunster est un des chefs-d’œuvre d’André Silbermann, déjà bien secondé par son fils. Prévu à l’origine à trois tourelles au grand-orgue, il fut finalement réalisé avec cinq tourelles, sur le modèle de l’orgue de Saint-Germain-des-Près à Paris. En 1732, un Clairon fut ajouté à la pédale et une Trompette à l’écho. Cet instrument fut placé en des mains particulièrement habiles, puisque l’organiste de l’abbaye était le père Célestin Harst, qui joua souvent du clavecin à la cour de Louis XV et publia, en 1745, un recueil de pièces de clavecin dans le style français. Entre Harst et les Silbermann naquit une grande amitié, et Harst réceptionna, comme expert, plusieurs orgues Silbermann.

L’histoire de l’instrument tient heureusement en peu de lignes. En 1782, Johann Josias Silbermann répara la soufflerie et remplaça le pédalier. Lors de la Révolution, divers tuyaux disparurent, notamment la plupart des tuyaux de façade du grand-orgue ; ils furent remplacés en 1812 par Joseph Bergäntzel. C’est probablement lui qui ajouta aussi une Bombarde 16 à la pédale, limitée aux dix-huit premières notes, à moins qu’elle n’ait été posée qu’en 1857 par Martin Wetzel, à qui sont attribués également les trois soufflets cunéiformes actuellement conservés. En 1939, l’orgue fut restauré par Edmond-Alexandre Roethinger, sans grandes modifications sinon un pédalier neuf, des pavillons neufs à la Bombarde et quelques retouches dans l’harmonie. L’instrument a été restauré entre 1997 et 1999 par les facteurs alsaciens Gaston Kern, Yves Kœnig et Richard Dott.

Le classement au titre des Monuments historiques  a été prononcé le 24 septembre 1971 pour la partie instrumentale et le 6 décembre 1972 pour le buffet

A quelques détails près, la composition d’Ebersmunster est la même que celle de Marmoutier mais les tailles d’Ebersmunster sont plus larges, conférant à l’orgue une sonorité plus flûtée, plus ronde, moins brillante. Grâce à ces témoins irremplaçables du début – Marmoutier – et de l’aboutissement – Ebersmunster – d’une carrière, nous pouvons suivre l’évolution d’André Silbermann, s’émancipant peu à peu de l’orgue parisien pour créer son propre style, qui, copié par tous ses concurrents, devint le style alsacien du 18ème  siècle.

Pot à feu polychrome du positif

(photo J.M.Schreiber)

Tuyauterie de l’écho : une spécificité de l’orgue français

(photo J.M.Schreiber)