CHÂTENOIS – Eglise Saint-Georges

Photo : J.Ph.Grille

Jean-André Silbermann

1765

Inscrit au titre des Monuments Historiques  en 1973 (partie instrumentale) et en 1974 (buffet)

L’orgue de Châtenois est un exemple-type du « huit-pieds ordinaire » que concevait Jean-André Silbermann dans la seconde période de son activité. Il a été commandé en juillet 1763 et livré le 6 août 1765, date de transition qui explique la juxtaposition d’ensembles classiques français (plein-jeu, grand jeu, jeu de tierce) avec des innovations remarquables, telles une fourniture très aigüe partant sur 2/3′ et deux jeux de 1 pied. Le Sifflet du grand-orgue notamment est conçu comme un rang autonome du plein-jeu, dont la coupure permet de disposer d’un rang supplémentaire dans le dessus. Cependant, la coupure peut être comprise dans l’autre sens, c’est-à-dire renforcer la Taille (ténor) en ne tirant que la basse du jeu. Le Sifflet peut aussi être considéré comme un sixième rang de Cornet, ou encore une alternative à la Tierce 1′ 3/5 et il serait donc dans ce cas étranger au Plein-jeu.

Les vicissitudes ordinaires n’ont pas manqué de frapper ce magnifique ouvrage : suppression des jeux aigus remplacés par Salicional et Flûte (sans doute par Wetzel en 1867), remplacement de l’écho par un récit expressif de cinquante-quatre notes, extension de la pédale à vingt-sept notes, réquisition des tuyaux de façade par les autorités allemandes en 1917. Mais il restait suffisamment de matériel ancien pour qu’il soit dès 1956 envisagé une restauration. En 1973 le classement de l’instrument au titre des Monuments historiques  permit au projet de voir le jour : Alfred Kern put reconstituer l’ouvrage initial. Seules deux concessions ont été apportées pour faciliter l’utilisation cultuelle de l’instrument : l’écho comporte quatre octaves, mais dans la basse il n’y a que les trois jeux de Bourdon, Prestant  et Doublette ; le pédalier est étendu à vingt-cinq notes mais cette extension ne comporte pas de tuyaux et ne fonctionne qu’avec une tirasse grand-orgue.

Par ailleurs l’orgue de Châtenois a été le premier de Silbermann où la soufflerie ancienne a été reconstituée, ici trois soufflets cunéiformes à plis multiples, placés derrière le buffet, en hauteur. Le ventilateur électrique ne met malheureusement en œuvre qu’un réservoir à plis parallèles, les soufflets cunéiformes devant être actionnés à la main, au moyen de cordes et de poulies. Par la suite d’autres restaurations se sont inspirées de cette expérience en la développant (le ventilateur « gonflant » directement les soufflets cunéiformes), à Wasselonne par exemple.

Production  du vent par les moyens traditionnels : soufflets cunéiformes et traction musculaire

 

Photo : J.M.Schreiber

Derrière la console, la transmission mécanique des claviers et notamment celle en éventail du dessus de l’écho, dont on voit à gauche les tirants de registre

 

Photo : J.Ph.Grille